CALAIS : LES EXPULSIONS DE CAMPEMENTS D’EXILÉS CONTINUENT

L’époque est terne, incertaine. Les puissants nous promettent un avenir toujours plus sombre, plus obscur. Le deuxième tour de la présidentielle nous a offert le scénario tant espéré par la bourgeoisie : la droite extrême face à l’extrême droite. Le néolibéralisme autoritaire face au fascisme. Aucun de ces horizons n’était souhaitable ni désirable. Les personnes exploitées et dominées devront subir encore les humiliations. Un duel horrible pour des milliers de vies déjà écrasées par la caste dominante.
Face à ce choix macabre, abstention de masse et vote barrage contre l’extrême droite. Le pire a été évité mais le mal est déjà là. Macron est illégitime mais ce sera lui, le fascisateur, le serial-éborgneur, l’ultralibéral qui gouvernera pour 5 ans de plus.
À Calais, rien ne change. L’ordre coloniale règne. Les policiers et gendarmes radicalisés font la sale besogne. La politique étatique de harcèlement quotidien des exilé-es se poursuit. Louis Witter, photorepoter à Calais, témoigne : toutes les 48h, les expulsions de campements continuent. Les tentes sont volées. Les policiers entravent le travail des journalistes et des associations. Avant d’être « escorté » hors du périmètre de à l’opération de police, le photographe échange avec l’un des CRS : « J’ai 27 ans de boîte, on vient tous les trois mois. Autant vous dire que rien ne change et rien ne changera ». Une déclaration terrible, brutale. La sinistre illustration de dizaines d’années de politiques racistes décomplexées, résultat de décennies de politiques mortifères contre les populations en exil.
Le fascisme n’arrive jamais d’un coup. Il s’agit plutôt d’un processus. Les gouvernements successifs ont gouverné à l’extrême droite. Avec l’aide des médias des milliardaires, la gauche et la droite ont fascisé le débat public, imposé les thèmes et les mots d’ordre des fascistes. Depuis le milieu des années 1970, les conditions d’accueil des étrangers n’ont jamais cessé de se durcir sur le territoire. Les libéraux ont voté ensemble les lois racistes et répressives sur l’immigration. Ils se sont engagés avec l’extrême droite dans le fuite en avant sécuritaire et liberticide.
L’un des premiers actes fondateurs du quinquennat Macron était de faire voter la loi « asile et immigration », un texte extrêmement violent contre les migrant-es. Une loi qui entérinait l’enfermement d’enfants et rallongeait la durée maximale de détention dans les centres de rétention. Dans l’entre deux tours, Emmanuel Macron promettait d’aller plus loin. Il veut accélérer les expulsions d’étranger-es du territoire et renforcer le contrôle aux frontières en y mettant plus de flics, continuer la destruction du droit d’asile. Une application stricte d’une partie du programme de Marine Le Pen. Rien qui ne puisse faire barrage à l’idéologie la plus crasse et réactionnaire.
Racisme d’État en marche et fascisation de la société en cours. Il nous faudra plus que quelques castors croyant avoir fait barrage au Rassemblement National en glissant un bulletin du président sortant dans l’urne pour éviter le pire. Organiser la solidarité concrète, lutter avec les personnes victimes du racisme d’Etat, voilà le seul barrage conséquent ! Le reste n’est que de la poudre au yeux.
? : Louis Witter