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PRÈS D’ARGENTEUIL, UN JEUNE HOMME TORTURÉ À COUPS DE TASER PAR LA POLICE

juillet 21, 2021

– 27 décharges électriques : un acte de barbarie, un geste criminel –

Les faits se sont déroulés à 15h le 29 janvier dernier lors d’un contrôle de police à Cormeilles-en-Parisis. Jonathan se trouve avec ses amis en bas d’un immeuble quand il est contrôlé par 5 agents. Lorsque ceux-ci découvrent sur son téléphone un photo montage d’un policier de la brigade anti-criminalité d’Argenteuil, qui circulait à l’époque sur les réseaux sociaux, les policiers deviennent complètement enragés. S’en suit de longues minutes d’un déchaînement d’une violence inouïe. Il est passé à tabac. Coups de pied, coups de poing, une véritable déferlante s’abat sur lui. Mais il y a pire : les fonctionnaires de police font usage d’un taser… Et pas qu’une ou deux fois. Le pistolet à impulsion électrique du brigadier chef présent ce jour là sera actionné à 27 reprises. Un acte infâme de torture en bonne et due forme. La victime raconte à la journaliste de France Info.

Extraits :

➡️ « Tout est parti de cette photo », analyse aujourd’hui le jeune homme. « J’ai vu de la colère et de la haine dans les yeux des policiers, j’ai déjà pris des claques par des policiers mais là c’était autre chose », témoigne Jonathan. « C’était des coups de taser, des coups de poings, pendant 40 minutes j’ai vraiment cru que j’allais mourir. Je leur ai dit d’arrêter mais ils ne se sont pas arrêtés (…) Je tremblais et je tombais. »

➡️ Il n’y a pas que les coups qui pleuvent. Lors du contrôle, le jeune hommes de 19 ans est l’objet d’insultes et de menaces abjectes : « Ils ont aussi traité ma mère de chienne, ils ont dit qu’ils allaient attraper ma copine et qu’ils voulaient la violer. Ils m’ont dit aussi qu’en arrivant au commissariat, je pouvais me faire violer aussi ».

➡️ Après 40 minutes soumis à l’arbitraire policier, Jonathan réussi à rentrer péniblement chez sa mère. La femme voyant son fils dans un état lamentable, la bouche ensanglantée, décide de l’emmener au commissariat pour porter plainte. Sur place, ils tombent sur les policiers en question. « Ils nous ont pris à partie, raconte Nathalie, ils nous ont dit : ‘Qu’est ce que vous venez faire là’, ils étaient arrogants. Ils nous ont dit : « De toute façon c’est notre parole contre la votre. » Ils réussiront après des heures d’attentes à porter plainte.

➡️ Une enquête est ouverte mais les cinq voyous en uniforme nient en bloc les violences. Ce sera la parole de la victime contre la parole de flics assermentés. Peu de chance que la vérité éclate face au caractère mensonger de la déclaration des forces de l’ordre. Mais deux éléments vont mettre à mal la version policière. D’abord l’expertise du taser utilisé par le chef de brigade. L’arme en question a été mise en marche 27 fois en dix minutes au moment du contrôle, dont une fois pendant plus de 5 secondes « ce qui correspond à un cycle complet de neutralisation dévolu à une efficacité maximale du pistolet ». Ensuite le témoignage d’un des policiers. Fait rarissime, le fonctionnaire va craquer lors de son audition et lâcher ses collègues. Il raconte aux enquêteurs : « Oui, des coups ont été portés par l’un de mes collègues », indique d’abord l’agent. Il confirme aussi avoir « entendu plusieurs déclenchements » du taser. Pire encore, il va avouer le caractère systémique des violences policières : « Je ne suis pas responsable des actes de mes collègues, même si je me suis déjà rendu compte que dans notre groupe parfois, les contrôles n’étaient pas faits comme ils devraient l’être. L’un de nous aurait dû dire stop, notamment sur ce contrôle. »

Trois des cinq policiers seront mis en examen pour violences volontaires par personnes dépositaire de l’autorité publique et placés sous contrôle judiciaire. Une mise en examen extrêmement rare. Quasi systématiquement, lors d’affaires de violences policières, les flics se protègent entre eux. Jamais inquiétés et jouissant d’une impunité quasi totale. Du simple collègue à la plus haute hiérarchie policière, l’esprit de corps est la règle au sein de cette institution radicalisée à l’extrême droite. Sans le témoignage du flic et l’analyse du taser, c’est Jonathan, la victime de policiers tortionnaires, qui aurait été accusé de violence et jugé. Peut-être même emprisonné. À tort.

Source :

https://www.francetvinfo.fr/…/info-franceinfo-j-ai-cru…